Tout n'est pas si rose

Aux portes du Moyen Atlas, le soleil tape fort sur les collines verdoyantes de Ben Smim. La lumière est aveuglante et la chaleur écrasante. Les pierres roulent sous les pieds. Sur ce sentier accidenté, à chaque pas, le risque de trébucher. Pourtant, ce sont les bavardages et les rires qui resteront. Vêtues de longues tuniques satinées, leurs paniers d’osier chargés de lavandin, de camomille et de rose, Fatima, Najat et Kaita redescendent vers le village où les attendent les autres femmes de la coopérative Achifae (guérison en berbère).
 
Elles sont dix, toutes originaires de Ben Smim et de toutes les générations, à se retrouver chaque jour pour récolter fleurs mais aussi plantes aromatiques et médicinales qui seront séchées ou distillées. La coopérative produit ainsi eaux florales, infusions, savons parfumés et crèmes de soin. Si la plupart de ces femmes ont toujours récolté les plantes de ces collines, chacune était isolée et produisait uniquement pour son foyer. Sous l’impulsion d’un projet de coopération entre le Maroc, la France et l’agence de développement social, elles se sont regroupées et organisées pour acquérir du matériel et suivre plusieurs formations.
 
A y regarder de plus près, tout n’est pourtant pas si rose. « Parfois, nous sentons que certains ici ne voient pas notre coopérative féminine d'un très bon œil. Des femmes qui créent une activité génératrice de revenus ça attire les convoitises et ça ne paraît pas si naturel que cela » souligne Rekia Beiko, Présidente de la coopérative Achifae.
La reconnaissance du travail des femmes au Maroc reste difficile. Les inégalités sociales, régionales et de genre sont encore très fortes. Gaëlle Gillot, géographe, pointe les limites de ces organisations , « Les coopératives, une bonne
mauvaise solution à la vulnérabilité des femmes au Maroc ? ». Non seulement les revenus générés par ces structures sont souvent très modestes mais surtout « le travail des femmes dans les coopératives n’est ni comptabilisé dans les statistiques, ni la source d’une quelconque protection sociale.». Et malgré un surcroît important de travail, au quotidien, les tâches domestiques reposent encore totalement sur les femmes.
 
En dépit de ces importantes réserves, le mérite de ces coopératives est de les autoriser à sortir du foyer et parfois même du village et à acquérir de nouvelles compétences. Ces femmes accèdent ainsi à un statut social autre que celui d’épouse ou de mère. Petit à petit, le travail leur permet de faire partie de la collectivité, de la société. Petit à petit, ces femmes s’affirment et gagnent en confiance. Petit à petit, c’est leur autonomie qui fleurit.
Tout n'est pas si rose Mélanie Bahuon
Najat est la secrétaire générale de la coopérative Achifae.
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Tout n'est pas si rose Mélanie Bahuon
Récolte de camomille.
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Tout n'est pas si rose Mélanie Bahuon
Ceuillette de la lavande.
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Tout n'est pas si rose Mélanie Bahuon
Vue sur le Moyen Atlas.
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Tout n'est pas si rose Mélanie Bahuon
Kenza s'occupe de la distillation des roses.
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Récolte de roses.
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Tout n'est pas si rose Mélanie Bahuon
Fatima et Kaita sur le chemin des champs de lavande, de camomille et de rose.
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Tout n'est pas si rose Mélanie Bahuon
Le produit d'une récolte de roses. Savons parfumés et, dans une bouteille de coca, l'huile essentielle et l'eau florale.
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Tout n'est pas si rose Mélanie Bahuon
Champs de lavande et de camomille.
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Tout n'est pas si rose Mélanie Bahuon
Le village de Ben Smin.
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Tout n'est pas si rose Mélanie Bahuon
Les femmes de la coopérative Achifae.
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Tout n'est pas si rose Mélanie Bahuon
Récolte de lavande.
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Tout n'est pas si rose Mélanie Bahuon
Les femmes de la coopératives s'accordent un petit temps de pause au retour de la récolte. C'est un temps de communication. Un temps pour créer du lien hors du foyer.
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Tout n'est pas si rose Mélanie Bahuon
L'envol des hirondelles de la médina de Meknes.
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